A Lancy, le bio fait son nid
Troisième commune du canton de Genève par sa population, Lancy possède et entretient plus de 55 hectares d’espaces verts et produit annuellement environ 55'000 plantes dans les serres de la Ville. La labellisation Bio Suisse, obtenue en 2019, permet de garantir un impact raisonné sur les ressources et l’environnement, en particulier dans la gestion des massifs floraux.
La Ville de Lancy est engagée depuis de nombreuses années pour une gestion durable de ses espaces verts. Elle a ainsi dès 2015 renoncé à l’utilisation du glyphosate pour le contrôle des plantes indésirables, et a initié en 2017 un processus de reconversion biologique. Grâce à une volonté politique forte, à la mise en œuvre par son service technique ainsi qu’au soutien du Conservatoire et jardin botanique de la Ville de Genève - également certifié bio depuis 2015 -, la Ville de Lancy a pu se lancer dans cette démarche ambitieuse, qui a débouché sur la certification Bio Suisse en 2019.
Des massifs floraux repensés
L’aménagement et la gestion des massifs floraux de plantes annuelles et bisannuelles sont particulièrement coûteux en main d’œuvre et en ressources. Ces surfaces, renouvelées deux fois par an à Lancy, doivent en effet être d’un aspect esthétique irréprochable. Afin de maintenir cette qualité tout en limitant l’impact environnemental et en respectant le cahier des charges de Bio Suisse, c’est l’ensemble des processus qui a dû être repensé à Lancy. Choix d’espèces résistantes et plus adaptées, espacement des plantes pour éviter l’accumulation d’humidité, entretien manuel plutôt que chimique ou encore utilisation de fertilisants bio et organiques font partie des nombreuses mesures prises par la Section des espaces verts, dirigée par Sandrine Michaillat. La tourbe a également été bannie de la plupart des terreaux et substrats utilisés, ce qui a notamment conduit à l’abandon des massifs de plantes acidophiles, comme les rhododendrons. Dans certains cas, les massifs de plantes annuelles et bisannuelles ont également été remplacés par des plantes vivaces, moins gourmandes en arrosage. Outre l’impact positif sur l’environnement et la consommation de ressources, ces mesures permettent de favoriser la biodiversité indigène sur des surfaces qui y sont habituellement peu propices.
Les plantes et graines utilisées pour les plantations doivent elles aussi être certifiées bio, lorsqu’elles sont disponibles. Pour ce faire, les jardiniers s’approvisionnent auprès de fournisseurs certifiés, permettant de produire annuellement plus de 55’000 plantons dans les serres de la Ville. Afin de limiter la consommation énergétique, ces dernières doivent être moins chauffées en hiver, ce qui ne va pas sans poser quelques défis aux jardiniers. Des auxiliaires sont également utilisés dans les serres afin de lutter de manière biologique contre les ravageurs.
Une gestion globale optimisée
Si en termes de coûts, la reconversion n’a pas impliqué d’investissements particuliers, elle a en revanche demandé une réorganisation conséquente des tâches. Le désherbage manuel a pris une place plus importante, et une attention toute particulière est portée sur l’observation et la prévention, étant donné que la majorité des produits phytosanitaires à effet curatif ne peuvent pas être utilisés en culture biologique. Dans la plupart des cas, la reconversion s’est déroulée sans problème particulier. Elle a néanmoins occasionnellement nécessité une réaffectation des surfaces et une adaptation de l’assortiment végétal. Si le passage au bio a également été initié sur les parcelles privées de la ville, la gestion des jardins familiaux et des terrains de sport pose encore certains problèmes, pour lesquels des réflexions sont en cours.
Un plus pour la nature et la population
Avec cette démarche, Lancy espère encourager sa population à adopter des pratiques plus écologiques sur le domaine privé. En parallèle au processus de certification, plusieurs actions ont ainsi été entreprises pour impliquer et sensibiliser la population à la protection de la nature et à la biodiversité. Le potager communal collectif bio, cultivé en permaculture, permet par exemple d’approvisionner l’épicerie solidaire de Lancy avec plus de 700kg de légumes par année. Un rucher pédagogique et un hôtel à insectes ont également été créés, établissant un préau « nature » mis à disposition des écoles.